Paris ce matin. Reprenons notre souffle et résumons...
Une brume ouatée s'installe à la journée dans les rues, une cloche à carbone d'un dégradé de jaune gris marron est plaquée sur la capitale, on ne voit plus la tour Montparnasse depuis le Trocadéro, les yeux piquent, les gamins toussent, ça éternue partout, mon chat a gerbé trois fois, les automobilistes seuls en berline stoppent toujours sur les passages piétons en bloquant les intersections.
5e jour de pic de pollution à Paris, dans la Région Nord et à Lyon.
Au 3e jour, le Maire de Paris annonçait la gratuité des Vélib (pour les abonnés si j'ai bien compris, dans le genre annonce inutile, ça se pose là, d'autant que l'activité physique soutenue est déconseillée dans le même temps).
Au 4e jour, Airparif nous apprenait que l'air de Paris était plus pollué que celui de Pékin.
Au 5e jour, le ministre des Trucs écologiques consent enfin, en accord avec le président de la Région, à la gratuité des transports en commun pour le week-end. (On aurait pu y penser dans la veille du premier jour d'alerte en début de semaine et, peut-être s'économiser 5 jours à suffoquer aux premiers rayons de soleil suivant six mois de pluie, mais non : souffrance, cancer du poumon et recettes des PV pour défaut de présentation du titre de transport, y a que ça de vrai !).
Les écoles annulent les activités en plein air.
Les individus ayant des troubles respiratoires sont incités à rester chez eux, tandis que ceux qui pètent la forme en 4X4 peuvent continuer à rouler.
Nous allons bientôt recevoir des consignes de la préfecture de Police pour ne respirer que d'une narine et des contraventions pour avoir osé marcher dans la rue lors d'un pic de pollution...
Il parait qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Soyez assurés que, en matière de pollution, depuis des années l'on ne prévient rien et que l'on ne guérit que dalle. Soyez assurés que nous continuerons à passer par tous les stades de l'inutile et de l'absurde pour ne pas éradiquer le problème à la source de nos maux de tête, mais aussi des milliards de bénéfices défiscalisés de Total et de quelques décimales de croissance nationale : cette putain de bagnole individuelle !
J'apprends chez l'ami Politeeks qu'un projet de circulation alternée en cas de pics de pollution annoncé par le gouvernement il y a quelques mois est passé à la trappe.
J'apprends dans Le Monde que "le remplacement de tous les véhicules particuliers diesel par des véhicules essence (norme Euro) permettrait d'abaisser de 25 % à 35 % les émissions de particules fines et de 35 % les rejets d'oxyde d'azote en région parisienne."
J'apprends dans Le Monde que "le remplacement de tous les véhicules particuliers diesel par des véhicules essence (norme Euro) permettrait d'abaisser de 25 % à 35 % les émissions de particules fines et de 35 % les rejets d'oxyde d'azote en région parisienne."
En me bouchant le nez, j'entends d'une oreille les poujadistes du volant et autres "la voiture n'est pas responsable de toute la pollution". Je vis à Paris depuis un certain nombre d'années déjà, je fais très clairement la différence olfactive entre un jour avec voitures et un jour sans voitures (et c'est pire encore dans certains coins de banlieue). La conclusion, sans appel : ça pue.
Il s'agirait que ce gouvernement ait enfin le courage de passer un signe fort pour responsabiliser les citoyens sur les dégâts causés sur la santé publique par leurs voitures. A une autre époque, on l'a fait avec succès sur la sécurité individuelle (l'obligation du port de la ceinture de sécurité a à peine une quarantaine d'années et a drastiquement fait chuter le nombre de morts sur les routes). Une telle révolution des comportements individuels, un vrai bouleversement de société pour sortir du tout-voiture, ne peut s'accomplir que par la mise en oeuvre d'un bouquet de mesure incitatives mais aussi, obligatoirement, coercitives.
Que le gouvernement se moque de la santé des Français pour leur fourguer à crédit quelques voitures de plus passe encore, mais mon chat bordel !
Illustration : @meteo_cperson (BFM) Vue de Paris ce matin à 300 mètres de hauteur. Le ciel est pourtant bleu.
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