http://www.bestphoneapps.mobi/?sl=213796-741ac&data1=Track1&data2=Track2

Tuesday, 19 February 2013

Le petit train



La France trace à grande vitesse sur la route du progrès. La SNCF s’apprête à lancer son offre de trains low-cost à nom débilo: Ouigo. Je ne doute pas qu'à l'instar des lasagnes Findus ou de la diversité de l'offre culturelle des chaines TNT ce produit à coûts fracassés saura trouver un large public. Méfions-nous toutefois de ce passage à niveaux. Une rhétorique peut en cacher une autre.

Ce qui ressemble à la réintroduction de la 3e classe permet en fait la disparition progressive de la classe intermédiaire, oui d'accord appelons la "moyenne". Derrière la riposte aux compagnies aériennes low-cost et la préparation à l'ouverture à la concurrence, la SNCF s'adapte ici à la conjoncture: comprendre faire un blé avec les fauchés, et si possible encore plus de blé qu'avant. Plus révélateur de l'impasse d'une époque sans autre perspective que rationalisation et austérité, la SNCF opère cette révolution ou retour en arrière (au choix) en exploitant l'héritage d'une technologie développée il y a 40 ans grâce aux investissements publics (la vitesse du TGV) pour concentrer son "innovation" sur le marketing bourrin et la taille des coûts à la tronçonneuse (et donc ne générer aucun emploi, voire à terme en supprimer).  


Bon. Voyons plus loin que le bourrage marketing du moment. Au bout de quelques années si tout se passe bien:

- D'un côté, nous aurons des trains "classes affairesconfortables, prioritaires et arrivant en centre-ville. 

- Et, ailleurs, le train "classe tous risques". Des sortes d'ID-TGV hardcore, cost-killés (plus ce serait la robotisation totale et l'absence de conducteur), avec des rames hideuses (parce que le train pour gueux se doit d'être laid) lardées de publicité et utilisées jusqu'à la corde (deux fois plus de rotations), une offre d'abord baptisée low cost pour susciter l'envie chez une cible clientèle ne pensant plus qu'en termes de rabais immédiat, de prix à négocier et de soldes permanents[1]. 

Bien évidemment les rames au confort minimum (20% de voyageurs de plus) et aux gares excentrées, où tout "service", du bagage à l'usage des toilettes, finira par être facturé, se révéleront à l'usage plus chères pour l'utilisateur que les offres économiques actuelles du TGV. 

C'est fait pour. On opérera en deux temps: l'introduction "test" de l'offre puis l'effacement progressif d'une gamme de produits à prix réduits de l'autre côté sur les rames standards. De plus, le low-cost présente cet avantage de pouvoir faire progressivement glisser les critères du "normal" et du toléré chez l'usager. Passant de l'optionnel à la norme, le succès de l'offre Ouigo permettrait à l'offre basique telle que nous la connaissons (comprendre avoir une place assise avec de la place pour poser son sac) d'être cataloguée "premium" avec le tarif qui va avec. 

Bon, nous n'aborderons pas la question de la sécurité et des horaires. Chacun, à la lumière  de cette logique comptable, pouvant appréhender ce qui découlera de cette baisse des ambitions de service (au départ public si cela intéresse encore quelqu'un). 

[1] Une troisième catégorie convoitée et nécessaire à l'image, une niche du surclassement bon marché, appelons-là "les miettes", se développera dans les interstices des disponibilités de la "classe affaire".  C'est déjà en partie le cas.

Articles connexes :
- Le tour du mystérieux train magique
- Le ticket de métro est plié
- ID-TGV La facture sonne toujours quatre fois

No comments:

Post a Comment