"- On gagne toujours à partager"
Albert Jacquard en introduction d'Ainsi squattent-ils (demain en salles)
Cette histoire de baisse de plafond de quotient familial permet de ressortir l’argument de la classe moyenne "fiscalement matraquée" à grosses goulées radiophoniques de "c’est toujours les mêmes qui trinquent". La télévision n'est pas en reste, offrant des tribunes à des salariés à 8000 euros /mensuel censés représenter les "Français moyens" quant bien même ils font parti 1% des revenus les plus élevés du pays.
Albert Jacquard en introduction d'Ainsi squattent-ils (demain en salles)
Cette histoire de baisse de plafond de quotient familial permet de ressortir l’argument de la classe moyenne "fiscalement matraquée" à grosses goulées radiophoniques de "c’est toujours les mêmes qui trinquent". La télévision n'est pas en reste, offrant des tribunes à des salariés à 8000 euros /mensuel censés représenter les "Français moyens" quant bien même ils font parti 1% des revenus les plus élevés du pays.
Bref, chacun est plus dans la classe moyenne que l'autre, avec son cortège de supplices supposés. Reprenons les chiffres de l'INSEE en 2008 (un graphique odieusement piqué à Jegoun)
Certes, on pourrait rajouter à ce graphique, le "hors revenu", les soutiens familiaux ou institutionnels qui comptent dans la qualité de vie, mais ça donne une bonne base permettant, on l'espère sans y croire, que certains aient la décence de la mettre en veilleuse sur leur "torture" fiscale.
Selon le Credoc, deux personnes sur trois estiment appartenir aux classes moyennes, et seulement 5% faire partie des gens "aisés", le seuil subjectif de richesse étant placé à 4660 euros (seuls 3% d'entre eux atteignent cette somme).
Au-delà des chiffres, les quelques gueulantes entendues ici ou là (sous l'axe du pouvoir d'achat en moins et généralement de la part de ceux au-dessus de la fourchette indiquée) confirment à nouveau que le sentiment d'appartenance aux "classes moyennes" dépasse les seuls revenus, et qu'il est souvent plus ou moins consciemment employé comme la définition d'un mode de vie, culturel, une "identité sociale" sous-entendant la propriété, l'accès évident au grand buffet des choses, à la gamme des produits hi tech ou loisirs, "indispensables" et "vus à la télé", à forte valeur symbolique bourgeoise ajoutée. Se lover dans "la classe moyenne" c'est souvent se sécuriser à bon compte, se certifier d’être moins riche que le très riche et donc pouvoir prétendre à s’exonérer de ses obligations tout en étant suffisamment riche pour partager une partie de ses codes (et donc s'indigner face à toute baisse de standing, même à 64 euros par mois).
Quand un politique parle des "classes moyennes", il surfe sur un flou très pratique, et pour le coup "populiste", amalgamant des strates sociales dont les niveaux de vie vont du simple au quadruple. C’est presque exclusivement par cette défense générique, quasi culturelle, des "classes moyennes" que l’on arrive à faire adopter à des masses de pauvres la défense des intérêts fiscaux d'une poignée de très riches.
Cela permet même, en cas de chahut dans les sondages, d'unifier tout le monde autour de la désignation d'un bouc-émissaire. C'est ainsi que le quidam, confortablement calé dans la certitude d'être de la "classe moyenne" (sous-entendu pile au milieu de celle-ci) exigera que les choses changent à commencer par les autres. Notons que les "autres" c'est large: cela va du train de vie du Rrom à celui du ministre en passant par celui de son voisin qui a un plus grand jardin alors qu'il est juste instituteur.
Se définir "de la classe moyenne", c’est souvent excessif ou réducteur. Perso, j'ai une grille plus simple : on est riche ou pauvre. A ces deux catégories s'ajoutent les très riches et les très pauvres.
Ayant vu de certaines réactions à droite, comme à gauche, au sujet de cet aménagement du quotient familial (les nobles idées humanistes ne supportant parfois pour certains leur application concrète au quotidien), j'en conclus que le clivage sur ce sujet se loge dans le rapport intime de chacun face à la collectivité et à son degré d'addiction à la consommation superflue, et de quel côté balancent ses priorités.
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