Le pompon est décroché ces jours-ci au sujet de ces deux nuisibles arnaques urbaines que sont Über (taxis particuliers) et AirBnb (location touristique entre particuliers) présentées comme fer de lance de la sharing economy.
Je resterai objectif (si si). Je ne paye pas pour voyager chez l'habitant et me déplace aussi rarement en taxi qu'en VTC. Cette polémique de bourgeois fébriles à l'idée de payer sept euros de moins la course, et d'avoir une bouteille d'eau gratuite en prime, ou d'occuper un appartement si authentique, vintage mais confort en plein centre de capitales en pénurie de logement pour les locaux, me touche peu dans mon quotidien. Enfin presque. Je subis juste la pollution des voitures en ville et l'inflation soutenue des loyers depuis cinq ans dans mon quartier parisien (une des conséquences concrètes de l'explosion des deals dématérialisés d'Über et AirBnb). Je ne pleure pas non plus sur les hôteliers ni sur les taxis qui voient leur business déstabilisé par ces deux boites de Pandore.
Ces deux entreprises (peut-on d'ailleurs parler d'entreprises vu qu'elles n'emploient personne et ne détiennent rien ?) préfigurent le carnage social qui va s'abattre sur pas mal de secteurs.
ÜberLiberal et AirBordel sont des entreprises de prédation. La concurrence est faussée, elles se torchent des réglementations nationales (droit du travail, fiscalité) sous les applaudissements de l'upper-middle-class et des cornichons de l'expertise éco au prétexte que, tu comprends espèce de vieux réac et/ou crétin de pauvre, c'est de la nouvelle économie. AirBnB et Uber ne sont en aucun cas du partage et l'inédit y est minime. Un possédant loue un bien, un individu sa force de travail, à un autre individu qui le rémunère pour cela (What a flash ! Je suis bluffé par l'aspect profondément révolutionnaire du paradigme). La seule innovation est l'intermédiation de plateformes numériques COMMERCIALES et délocalisées (qui elles ne partagent pas trop leurs bénéfices économiques avec les services fiscaux du coin parce que "- Hey mec, c'est pas du travail ni de la possession, c'est internet").
Reconnaissons tout de même à AirBnB et Über un concept cynique à souhait (pas étonnant que ces sociétés soient célébrées par l'époque) : prendre de l'argent sur des biens qui ne sont pas les leurs, faire travailler des gens sans les salarier (donc sans les protéger, sans cotiser, ni leur fournir d'assurance, de congés payés, rien). Mieux encore, dans le cas d'Über, le faux salarié fournit son outil de travail. Le client, lui, à l'impression d'être un peu plus riche. Une belle poursuite de l'ultralibéralisme dont nous sommes cette fois directement les artisans en proposant nos biens, en les consommant, et en travaillant pour ces parasites.
Cette nouvelle économie est de l'ancienne en pire. Il s'agit toujours d'arranger le pouvoir d'achat de ceux qui ont du pognon au détriment des conditions sociales de ceux qui n'en ont pas (en utilisant de jolis mots pervertis comme "partage", "modernité" et autre "collaborative"...).
Que trouvera-t-on au bout d'Über et AirBnb ? Augmentation des loyers pour les locaux non BnBaiseurs (autrement nommé les pauvres), désagrégation de la protection sociale pour les chauffeurs (et de leurs revenus une fois que tout le monde sera chauffeur Über, et qu'un nouveau service Über te proposera d'être véhiculé au tiers du prix en chaise à porteurs. Bah quoi, c'est bien puisque c'est bio. Tu pourras enrichir l'expérience sociale de coups de fouet sur tes prestataires collaboratifs de trajet, ce qui, nous en sommes convaincus, même en option payable d'avance, aura encore plus de succès que la bouteille d'eau en libre accès.
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