Arrêtez-tout : Gérard n'est plus français !
L'acteur Gérard Depardieu aura finalement tranché dans ce fameux débat sur "l'identité nationale" qui angoissait le camp politique pour lequel il faisait encore campagne au printemps dernier: Le fric n'a pas de patrie, et celui qui en possède un gros paquet peut se considérer au-dessus de la solidarité, de l'éthique et de la géographie.
Un peu plus tôt, dans un remake de Mammuth, l’interprète ivre de liberté filait sur son scooter à la recherche de l'Eden fiscal dans un bourg belge à 1.5 km de la frontière française, servant au passage de modèle pour les apologistes du "chacun sa gueule" à qui la seule évocation du mot "partage" donne la nausée.
S'estimant bléssé par le traitement qui lui est réservé en France, Depardieu franchit un cap (dans ce qui ressemble de plus en plus à une campagne marketing pour la baisse des impôts) en publiant une lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault dans le JDD où il annonce qu'il rend son passeport français dans un style pompier mêlant Louis Jouvet et Sophie De Menthon.
"Je n'ai jamais tué personne, je ne pense pas avoir démérité, j'ai payé 145 millions d'euros d'impôts en 45 ans, je fais travailler 80 personnes [...] Je ne suis ni à plaindre ni à vanter, mais je refuse le mot +minable"".
En effet, quelques jours avant, le premier ministre qualifiait de "minable" la dérobade fiscale. Cet Ayrault est décidément trop policé. "Vivre et penser comme une merde" aurait été plus approprié.
"Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent en fait la différence doit être sanctionnée"
Non. A partir d'une certaine somme stratosphérique par rapport au revenu moyen des Français, spécialement dans une période où des efforts leurs sont demandés, il n'est pas scandaleux de reverser au tronc commun selon ses moyens quel que soit leur provenance, au contraire. Oui Gérard, ça peut paraître fou, mais on peut parfaitement bien vivre avec seulement quelques dizaines de millions par an.
"Des personnages plus illustres que moi ont été expatriés ou ont quitté notre pays. Je n'ai malheureusement plus rien à faire ici, mais je continuerai à aimer les Français et ce public avec lequel j'ai partagé tant d'émotions !"
...Qui ont contribué à m'enrichir (par les entrées en salle et une vraie politique fiscale de soutien au cinéma) mais pour qui je ne veux pas avoir à payer en bon gros égoïste de droite.
"Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale dont je ne me suis jamais servi. Nous n'avons plus la même patrie, je suis un vrai européen, un citoyen du monde, comme mon père me l'a toujours inculqué"
Et bien... Adieu Gérard. On ne te retient pas[1].
Tes pets à répétition sur tournages ne nous manqueront pas, tes insultes aux travailleurs qui se battaient pour leur retraite non plus. Nos avions seront plus propres et nos routes plus sures. Sans compter que tu libéreras de la place pour plein d'acteurs talentueux dont tu faisais l'OPA sur les rôles et qui pourront ainsi s'enrichir puisque, derrière ta prose ampoulée, telle semble être la seule finalité de ton art. Sois désormais célébré par tes fans de la nouvelle heure, nos crétins locaux qui pensent jouer dans la même catégorie fiscale que toi, alors qu'ils ne gagneront pas en une vie ce que tu gagnes en un mois.
[1] Petit point pratique. Etant donné la boulimie de films et de pognon de l'individu, il faudrait que l’industrie cinématographique wallonne lui offre de quoi tourner plus de six mois par an avec des cachets à 5 millions le film, ce dont, malgré la qualité du cinéma susnommé, je doute. Reste la piste de l'animation de banquets pour oligarques russes ou dictateur ouzbek. Une belle fin de carrière à la hauteur morale du personnage.
Articles connexes:
- Revaloriser l'impot
- Taxer les pauvres ou taxer les riches
- La droite défend d'abord ses valeurs fiscales
Articles connexes:
- Revaloriser l'impot
- Taxer les pauvres ou taxer les riches
- La droite défend d'abord ses valeurs fiscales
No comments:
Post a Comment