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Wednesday, 12 December 2012

Vers la baisse des salaires ?

"Un salaire minimum modéré fait probablement plus de bien que de mal."
in The Economist, 24.11.2012 (relevé par Laurent Pinsolle)

Il va falloir vous le rentrer dans le crâne. Si le second semestre 2012 a été celui du bombardement idéologique sur notre "manque de compétitivité" quasi exclusivement focalisé sur le "coût du travail" et aboutissant à un cadeau fiscal supplémentaire de 20 milliards aux entreprises financé par une augmentation de la TVA, 2013 sera l'année des salaires trop chers.

Mais pas ceux des patrons du Cac 40 dont on apprend la hausse de 4% en 2011 à une moyenne de 240 smics annuel (pour des résultats en baisse). Non, les autres, les nôtres, à commencer par le minimum garanti.

Mediapart nous apprend qu'un groupe d'experts, pour le moins orientés, chargés d'éclairer le gouvernement avant les mesures de revalorisation du SMIC au 1er janvier, préconise dans un récent rapport (à lire ici) de revoir le Smic à la baisse, pour commencer, puis de le dynamiter en se dirigeant vers un Smic à la carte. 

Principales recommandations du rapport:
- Fin de la revalorisation automatique du SMIC sur la croissance du PIB. 
(C'est bien la peine de tout miser sur des lendemains ne pouvant chanter qu'au seul refrain d'un retour de la croissance pour stipuler en bas de page qu'elle ne doit pas rentrer dans le calcul du salaire minimum. Bref, la récession est une bonne excuse pour subventionner les patrons en pleurs. La croissance ne doit pas en être une pour augmenter les travailleurs).

- Fin de prise en compte du facteur de l'inflation dans le calcul du Smic avec orientation vers des "coups de pouce" (à l'image de ce qui a été fait par Hollande à son arrivée) plus conforme "à l’intérêt conjoint des salariés et des entreprises qui les emploient". 
(Rappel des bases: l'intérêt du salarié c'est de toucher un salaire, l'intérêt de l'entreprise c'est d'économiser sur ce salaire).

- Régionalisation d'un "smic jeune", ouvrant un dumping à l'intérieur même de nos frontières. Un vieux désir du patronat.

En décodé, ce rapport dessine la fin du salaire minimum et invite l'Etat à se désengager de son contrôle sur le Code du travail, pour qu'il se cantonne à la seule gestion de la casse sociale ainsi provoquée. Guérir en surface au lieu de prévenir les blessures.


Reconnaissons au gouvernement Ayrault qu'il n'esquive ni la question de la pauvreté ni celle du chômage. A la différence des premières années du quinquennat Sarkozy où les chiffres étaient systématiquement biaisés, adoucis, omettaient des catégories dans ses calculs. Maintenant, tout est vu de face dans la globalité et l'on n'hésite plus à parler de 5 millions de chômeurs, à assumer des perspectives négatives dans le domaine pour au moins toute l'année 2013. En revanche, la question des salaires est systématiquement piétinée, classée à la rubrique "toujours plus d'effort et c'est pas possible de faire autrement". Peur, manque d'imagination, paresse idéologique, influence d'une expertise économique unilatérale ? Le cocktail des quatre probablement[1].

Toujours est-il que, vu le poids argumentaire dont est porteur le chômage de masse pour presser toujours plus le travailleur sur son emploi du temps et sa non-augmentation, on s'interrogera sur l'innocence de cette exposition gouvernementale "sans tabou" du chômage et de la précarité au moment même où, dans l'ombre, lui est remis un rapport d'un ultralibéralisme décomplexé qui aggravera la situation sur ces deux fronts.

[1] reste ce mystère des mystères: comment des gens sensés peuvent-ils se persuader qu'il est possible de relancer la croissance en diminuant les salaires ? 

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