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Tuesday, 4 February 2014

Sociétal-libéral, tu perds ton sang-froid


Le social-démocrate est un gars sympa, un peu austère, un peu rigoureux, mais pas complètement foutu. On peut encore discuter. Il est juste obsédé par des impossibilités : le remboursement de la dette et la croissance. Un jour, peut-être, il comprendra (il lui faudra le temps) qu'on ne remboursera jamais la dette et que du boulot, il y en aura de moins en moins (et que ce n'est pas une mauvaise nouvelle à moins de repenser la société de fond en comble). D'ici là, tant qu'il peut faire carrière, il appliquera encore et toujours, les recettes d'hier à la situation d'aujourd'hui avec le même échec pour demain.

Quid du "social-libéral" ?

Bon là c'est plus grave. On est dans l'imposture intellectuelle à fort potentiel marketing. Rapport qu'il y a un mot de trop à la base, social (protéger le plus faible) étant l'oxymore économique du libéralisme (que le plus fort gagne). 

En fait, le vrai terme pour qualifier le gouvernement en place serait plutôt "sociétal-libéral". Là c'est plus cohérent : une politique économique orientée à droite enrobée de réformes sociétales fortement marquées à gauche (mais compatibles avec le libéralisme, chacune créant potentiellement de nouveaux marchés). Le mariage pour tous, le droit à l’euthanasie, l’égalité homme-femme, la dépénalisation du cannabis (si si vous verrez)… Autant de combats nobles, que je partage, parfois urgents, mais qui ne sont pas considérés comme prioritaires pour les Français et ne répondant pas à la mesure du pessimisme et de la détresse sociale rongeant ce pays : chômage, précarisation du salariat (en fait, ce libéralisme mal assumé accélérera ce mouvement au nom du principe de "compétitivité") et mal-logement (la fondation Abbé Pierre publie son rapport annuel, une fois de plus accablant).

- Salut. TVA bien ?

Le combat sociétal, nécessaire, a aussi pour effet bénéfique de détourner l'attention et cristalliser la contestation autour de quelques allumés qui, au final, par leurs excès, discréditent  et fragmentent l’opposition. Méthode efficace, mais dangereuse : en coagulant les colères des réactionnaires, on leur donne un sentiment de toute puissance avec les risques inhérents (montée du racisme décomplexé, violence, drainage général du débat politique sous le niveau de la mer...). On l'a vu avec les manifs pour tous, on l’a revu avec les trépanés du jour de colère, on le revoit encore avec ce délire collectif autour d'un SMS prétendant qu'un complot socialo-maçonnico-gay masturbe gratis à l'école…  Pendant ce temps-là, la destruction du code du travail ou le démantèlement de la protection sociale se poursuivent au même rythme de croisière qu'avant dans une relative discrétion et une totale atonie de la contestation. Pour résumer : ça gueule moins que quand nous étions gouvernés par la droite alors qu'objectivement, sur le plan social, c'est pire.

C'est bien vu. Le combat sociétal, on peut difficilement être contre sous peine de passer pour ce que l'on est : un rétrograde (aussi bien pour l'union homosexuelle, que le droit de mourir dans la dignité ou même le cannabis, il s'agit le plus souvent d'aligner la législation sur la réalité de la société). Le temps d'antenne ainsi occupé ne l'est plus pour de réels reculs sociaux et économiques : l'ANI, le CICE...

Pourtant, on peut se demander ce qui passe par la tête du gouvernement sociétal-libéral lorsque, suite à un énième défilé aux pétards mouillés de frappés du caisson, il revient en arrière sur un projet de loi (ne contenant même pas ce que les brailleurs en croisade exigeaient de retirer : PMA et GPA).

Là, on touche les limites de l'exercice. Ce sera quoi après ? L'abolition de l'avortement ou le retour de la peine de mort ? (Dans la logique qui les caractérise, ce sont les mêmes qui réclament les deux). Chômeurs et licenciés savent désormais qu'il leur faudra enfiler une soutane et scander des slogans obscurantistes pour être entendus du pouvoir.

A la décharge du gouvernement, il est vrai que la bêtise des arguments de la Sainte-Alliance des absurdes est désarmante. C'est précisément pour cela qu'ils ont un avantage. Et l'actualité nous le prouve jour après jour.

Jusqu'où ?

Ne jamais, jamais, sous-estimer la connerie de l'adversaire. C'est une règle d'or.


Article connexes :
L'Abrutea-Party
Qui a peur du mariage pour tous ?
La dette, péché originel pour peuples coupables

Illustration : Abbés en quenelle. (source)

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