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Friday, 11 January 2013

L'abrutea-party

Carnet de bord du mariage pour tous. 8e mois.

S’en remettre au ciel et croiser les doigts pour que la météo soit immonde dimanche prochain sur Paris, histoire de pourrir la déferlante annoncée de cathos secs, fachos moites, foldingo abîmée de la jet-set, apprentis scouts manipulés, UMPs sur le retour, packs de rombières versaillaises à crucifix chromé et autres conservateurs faisandés. Voilà où en est.

Avoir appelé ça "mariage pour tous" et non pas "mariage civil gay" (confusion sémantique permettant aux religieux de s'infiltrer dans un projet de loi qui ne les concerne pas), puis avoir fait traîner le vote, laisser grandes ouvertes les portes d’un débat offrant une exposition médiatique à des illuminés: Chapeau, bien joué! Soit, il s'agit d'une stratégie délibérée pour détourner l’attention d'autres débats comme celui de la refonte du CDI ou la hausse du chômage. Soit, c'est la conséquence d'une mauvaise appréhension par le pouvoir de la défiance à son encontre sur le terrain. Soit, plus probablement, un peu des deux. Quelle que soit l'issue, l'épisode laissera des traces.

Dans la déconfiture idéologique de l'après Sarkozy, ce combat est, avec la fiscalité "confiscatoire", le tronc commun des droites hétéroclites sur lequel elles rebâtissent en un temps record, en usant intelligemment des médias et d'internet, un discours d'opposition, à chier certes, mais omniprésent sur les ondes. Avec tout notre anti-sarkozysme à gauche et les (bien plus) violentes mesures fiscales à droite au début du mandat précédent, nous n'avions pas atteint une telle masse critique aussi rapidement. Assistons-nous à la montée d'un tea-party à la française, sur un canevas proche de ce qui s'est passé dans la foulée de l’élection d'Obama ?

Telle la taxe à 75%, devenue l’emblème d'un "matraquage fiscal" alors qu’elle n’aurait concerné (elle n’existe déjà plus) que 1200 à 1500 personnes, le mariage pour tous devient, au pays du divorce et des familles recomposées ou monoparentales, le fantasme terrifiant d'une perte de l’identité familiale qui serait provoquée par la gauche du diable. Ce gouvernement ne fait pourtant que répondre (laborieusement) à une évolution de la société. La loi concernera au final bien moins de gens que la réforme des retraites[1] ou les négociations syndicales du moment, n’aura aucune incidence sur la vie quotidienne de la majorité de la population et renforce plutôt même le concept du mariage.

Ce qui aurait dû être une mesure emblématique, un symbole immédiat d'avancée de début de mandat et qui n'aurait excité qu'une poignée d'énervés, laissera les images d'un long flottement du pouvoir, propice à la mousse médiatique, au doute, puis aux démonstrations de force des opposants galvanisés par le boulevard qui leur est abandonné. Les anti mariage pour tous ont gagné la bataille de la com'. Ces droites n'ayant d'unité que la haine du socialisme ont même réussi à éclipser médiatiquement le pathétique rabibochage Fillon/Copé  après le fiasco de l'automne dernier. C'est dire si l'UMP devrait prendre en compte ligne et méthode Barjot dans sa stratégie de reconquête.

J'en ai d'avance mal à la tête.

Articles connexes :

[1] cette époque pas si lointaine où Jean-François Copé considérait que manifester était un truc du passé.

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