Quelle époque ! Tout fout le camp. Même les réacs'. Avant on les reconnaissait à ce qu'ils te répondaient invariablement "c'était mieux avant" à la moindre question.
Pourtant Ivan Rioufol, journaliste au Figaro qui foulait de son mépris de classe les défilés à répétition des millions de citoyens en colère contre la réforme des retraites en 2010, a changé d'avis.
Manifester, maintenant c'est le progrès.
Manifester, maintenant c'est le progrès.
Grâce à l'action de la philosophe Frigide Barjot, le déclinologue retrouve optimisme et jeunesse. En témoigne son dernier billet de blog intitulé "vers un prochain mai 2013 ?" où il relate son enthousiasmant dimanche de slogans sur le pavé de Neuilly contre le mariage pour tous:
Lis donc :
"Il suffisait pourtant de s’immerger dans la foule, mêlant jeunes et vieux, pour identifier une dynamique qui ne s’arrêtera pas aisément. Il s’en est fallu de peu que les manifestants, pourtant rétifs aux transgressions, ne suivent plus massivement ceux qui voulaient descendre les Champs-Elysées en dépit des interdits."
Malheureusement, il n'y avait pas assez d'enfants à catapulter sur les forces de l'ordre[1].
Ne cachons pas notre étonnement de lire un Rioufol prônant d'habitude la tolérance zéro, l'ordre républicain et le chacun chez soi, faire aujourd'hui l'apologie du close-combat urbain à base d'anarchie, de brassage des foules et de boules de pétanque dans la gueule de la police gauchiste.
Extrême relooké qu'il est le Ivan.
Il est loin l'"embrigadement" reproché aux étudiants lorsqu'ils défilaient aux côtés des syndicats contre une réforme scélérate.
Terminée l'époque où il accusait la gauche de "confondre la rue et le peuple" et traitait d'"irresponsable" une Ségolène Royal appelant les jeunes à manifester ou une Martine Aubry évoquant "un affrontement entre le pays et le gouvernement". Wauquiez, Copé, Guaino qui enfreignent la loi pour aller se faire gazer et chouiner, les yeux qui piquent, sur un "pays divisé" au prétexte que leur apéro saucisson-moyen-âge a réuni 300.000 illuminés avec du GUD, de l'homophobe et du salut nazi pour la déco, c'est quand même d'un autre niveau non ?
Chauffé à blanc, missel, camomille et baïonnette au poing, Ivan le Terrible abuse même de cette mythologie "soixante-huitarde" qu'il conchie avant de surfer sur le printemps arabe parce qu'on n'est plus à un foutage de gueule près :
"Oui, un vent d’insurrection civile s’est levé dimanche. Il est annonciateur d’un probable Printemps français, porté par un peuple attaché à défendre sa culture, ses valeurs, son mode de vie."
Fini ces années sombres où Rioufol dénonçait, "cette opposition, sans projets ni leaders, [qui] est à l'image du vide de l'antisarkozysme pavlovien qui connait là son apothéose." Désormais, Ivan est fier qu'"à côté des slogans contre le mariage homosexuel, domin[ent] des mots d'ordre contre François Hollande et sa politique.
Il suffisait de coller l'étiquette "droite" au "manque d'idées neuves" d'une "radicalisation de gauche tournant à vide", pour que les appels à l'indignation de Stéphane Hessel lui parlent enfin. Et on est effectivement soufflé par la pertinence médiévale du propos:
"A lui seul, ce combat de civilisation insuffle une énergie surprenante, surtout auprès d’une jeune génération qui côtoie pourtant la culture, médiatique et éducative, de l’oubli des racines et du mépris de la religion catholique."
Tremblez hérétiques et mécréants! L'abrutea-party est en marche vers le palais. Rioufol est son Chateaubriand.
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