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Wednesday, 27 March 2013

Mélenchon contre les médias : la mauvaise méthode


A un jour d'intervalle, Patrick Cohen recevait sur France Inter, Jean-Luc Mélenchon puis Marine Le Pen. On aurait pu s'attendre à la même pugnacité de la part de l’interviewer par ailleurs très à cheval sur qui il convient d'inviter ou non. Et bien non. 

Là où la matinale du premier s'est consacrée aux deux tiers à un règlement de comptes entre le patron du Parti de Gauche et les journalistes en studio, la présidente du FN a déballé tranquillement ses idées et ses inepties sans éveiller trop d'énervement en face, hormis lorsqu'il a été possible d'établir des similitudes entre elle et lui. 

En comparant les deux interviews, et même s'il en ressort que Patrick Cohen semble moins offusqué par un excès de droite que par plus de gauche, force est de constater que Jean-Luc Mélenchon s'est planté tout seul en s'enfonçant dans sa propre caricature du punisher des méchants médias, là où Marine Le Pen a réussi sa com' en chloroformant la contradiction.  

Mélenchon et les médias, c'est une vieille histoire que l'on pourrait résumer ainsi : faut que je clashe pour que j'accroche. Depuis le temps, il devrait comprendre qu'on ne peut pas engager un combat contre les médias sur leur terrain et espérer le gagner. C'est impossible. Le journaliste est particulièrement offensif... sur la défense de l'idée qu'il veut vendre de son métier. De plus, il est chez lui. Il est là avant, il est encore là après[1], C'est son environnement et, d'une phrase ou d'un sarcasme, il y fait la pluie et le beau temps.  

Certes, Jean-Luc Mélenchon avait légitiment la rage ce mardi matin après avoir été traité tout un week-end d'antisémite ...par des journalistes sur la base d'un propos déformé ...par un journaliste. La question du barnum médiatique qui fabrique la pensée lui tient également à coeur. Mais, au lieu de s'en servir, il se laisse emporter dans un match de boxe avec la profession qui n'attend que ça de lui pour la gloire du show. La méthode est redondante, occupe un temps d'antenne conséquent, n'élève en rien le débat et finit par être contre-productive en ce qu'elle rajoute une impression de haine qui discrédite le reste de son indignation (dans le même temps Marine Le Pen à abandonné cette thématique antipresse et s'est calmée sur le débit des mots). 

De l'autre côté du poste, l'auditeur et le spectateur sont bien moins naïfs que Mélenchon ne le croit.  Le spectateur attend du journaliste qu'il soit aiguisé et de l'interviewé qu'il ruse et déjoue les pièges pour avancer ses idées sans violence et si possible avec le sourire (je sais c'est gnangnan, mais c'est vu, revu et scientifiquement prouvé). De plus, qu'on l'aime ou pas, l'interviewer est l'interface de l'auditeur non-militant, son point d'identification, conscient ou non. Tu es verbalement violent contre un journaliste ? Tu es quelque part violent contre celui qui t'écoute.

Et voilà comment Marine Le Pen arrive à rassurer en disant des conneries, mais en les disant bien, et Jean-Luc Mélenchon met tout le monde à cran dès le matin... à commencer par ceux qui ont ou auraient tout pour être d'accord avec lui.

[1] Intéressant d'écouter les minutes suivant l'intervention de Melenchon et le passage d'antenne entre Patrick Cohen et Pascale Clark.

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